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L’option du pâturage, simple et économique

Au fil avant. Il faut avoir un front de pâturage le plus large possible. Il est conseillé de laisser deux rangs disponibles qui sont ­consommés en une ou deux heures.Ragt

Malgré un raté à la levée, Jean-Michel Esnault a apprécié cette technique dont la mise en œuvre est peu contraignante. Mais il faut disposer d’une parcelle portante et débuter tôt à la fin de l’été. Il renouvelle l’expérience cette année.

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Jean-Michel Esnault voulait introduire de la betterave dans la ration de ses laitières « pour diversifier les apports d’énergie en complément de l’ensilage maïs et espérer aussi gagner sur les taux ». Mais comment faire dans une région où il y a peu d’éleveurs laitiers et aucune Cuma ou ETA équipées pour récolter des betteraves  ?

La solution : faire pâturer les racines à l’automne avant que les pluies ne rendent la parcelle impraticable. « Ce complément d’énergie à partir du mois de septembre s’accordait bien aux débuts de lactation plus nombreux à cette période », explique Jean-Michel. Le pâturage de la betterave fourragère est fréquent en Nouvelle-Zélande  : 100 000 ha environ sont semés chaque année et en majorité pâturés. En France, quelques éleveurs osent cette pratique qui s’affranchit d’un matériel de récolte spécifique.

« On peut commencer dès début août »

« Pour obtenir une durée de pâturage suffisamment longue, je conseille aux éleveurs de choisir une parcelle très portante, capable d’accueillir les animaux jusqu’à fin octobre, voire plus. Ensuite, un semis précoce, dès mi-avril, permet de commencer le pâturage début août, période creuse pour la pousse d’herbe », explique Sylvain Le Potier, ingénieur chez RAGT. Le semencier propose d’ailleurs une variété de betterave adaptée au pâturage et prisée en Nouvelle-Zélande : Brigadier. Elle a la particularité d’être très peu enterrée. Les deux tiers de la racine sortent du sol, ce qui facilite son arrachage par les animaux. Avec un taux de matière sèche assez faible (13 %), sa chair est aussi plus tendre, donc facilement croquée par les vaches. Bien sûr, ce pâturage doit être rationné de manière à ne pas dépasser une ingestion de 3 ou 4 kg de MS/vache/jour. Un fil électrique avant fait l’affaire. « En général, nous conseillons de laisser deux rangs de betteraves et d’avoir un front de pâturage le plus large possible, de façon à ce que chaque vache ait un accès facile aux racines. L’appétence est telle que la ration est consommée en une ou deux heures. Ensuite, l’éleveur doit prévoir un apport de fibres : foin ou pâturage de graminée », précise Sylvain Le Potier.

Brigadier, une variété facile à faire pâturer

Pour sa première expérience avec la betterave, Jean-Michel Esnault a semé 1,5 ha de cette variété Brigadier début avril 2017 : 100 000 graines par hectare avec un espacement de 55 cm. C’était après une vieille prairie, dans une parcelle profonde. Alors il a choisi de ne mettre aucune fumure. « J’ai essayé de faire une préparation du sol plus fine que pour un maïs et de respecter une profondeur de semis entre 2 et 2,5 cm. Mais avec le manque de pluie du printemps, la levée a été très mauvaise, je n’ai eu que 40 % des plants. »

Confronté à ce premier échec, Jean-Michel Esnault n’a pas souhaité respecter un protocole de désherbage chimique, trop onéreux. Il s’est contenté d’un seul binage, réalisé par une ETA qui disposait d’un tracteur avec des roues étroites. « Cela a bien fonctionné sur l’interrang, mais le rang a été colonisé par les chénopodes et l’amarante. Heureusement, derrière une prairie, la pression des adventices était moindre et avec le pâturage, le salissement posait moins de problème qu’en récolte mécanique. »

« Les vaches ont mis quelques jours à s’adapter »

Le pâturage a commencé le 15 septembre et a profité d’un temps sec. « Les vaches ont mis quelques jours à s’adapter. J’ai été obligé d’en arracher un peu à la main pour les inciter à croquer dans les racines. Quand elles ont compris, elles partaient au pâturage de bon cœur. En moins de deux heures, il ne restait rien. Mais elles sortaient dans la parcelle après avoir reçu la ration de maïs. Ces 1,5 ha de betteraves, à faible rendement étant donné le peuplement, m’ont tenu un mois. C’était peu contraignant et très économe. » Une expérience qu’il va renouveler cette année. « J’ai prévu 1,2 ha pour le pâturage et éventuellement 2 ha supplémentaires si je trouve une arracheuse-chargeuse d’occasion à un bon prix. Je pourrai ainsi disposer de betteraves plus longtemps au cours de l’hiver. La distribution se fera au godet, sur le maïs. Il faudra espérer une meilleure levée cette année et soigner le désherbage en deux ou trois passages. »

D.G.

© D.G. - Jean-Michel Esnault. D.G.

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